J'ai un peu mal au coeur ce soir

Lumière. Noir. Arrivées et départs se succèdent, sans fin. Le temps d'une bière. Le temps d'une chanson. Même pas le temps d'échanger nos prénoms. Un verre de vin, un sourire échangé et me revoilà seul. Les gens vont et viennent dans ma vie; je les regarde, un sourire aux lèvres, y entrer; je les contemple, mélancolique, pendant qu'ils en sortent. La brièveté d'un battement de paupières, le sursaut d'un battement de cœur. Les aiguilles tournent encore au grand cadran de la vie et vous voilà déjà derrière moi.

Ces rencontres si belles qu'elles ont changé ma vie, derrière moi aussi. Derrière moi. Je les laisse s'en aller parce que je n'ai pas la force de parler. Pour dire quoi... Toutes ces choses que l'on voudrait entendre d'un ami, d'un proche, d'un amant. Que je préfère taire par peur de me sentir vulnérable. Exposé aux blessures dont les cicatrices sont déjà si nombreuses sur mon cœur. A peine arrivés et déjà partis. Tout ça parce que ma main n'a pas su saisir la vôtre à temps. Et aussi parce que mon bras ne s'est pas suffisamment allongé pour que vous puissiez l'attraper. Et parce que ces mots que je voulais vous dire ne sont jamais sortis de mon corps, enfouis sous le rire. Le rire, mon arme mon bouclier. Contre l'extérieur. Contre les coups. Contre les moqueries. Et contre vous. Vous qui un jour avez su me parler et me dire ce que l'on dit à quelqu'un qui a échappé de peu à la noyade. Je me protège de vous. Contre ma volonté aussi bien que de plein gré. Vous m'aimez et je vous laisse. Un baiser sur la joue et me voilà parti. Même si le vent ne me portera jamais aussi loin que vous auriez pu le faire.

Arriverai-je un jour à baisser les armes et vous laisser lire en moi? Parfois j'espère que mes yeux vous racontent une partie de mon histoire. De mes peurs. De sorte que je n'aie plus qu'à vous en raconter la fin. J'espère que vous y lisez la tristesse qui est mienne et qui depuis si longtemps m'éloigne de vous. J'espère que vous comprenez ce que moi je ne comprends. Qu'un jour vous me direz ce qui chez moi, est détruit. Que vous me montrerez comment le réparer. Et puis qu'ensemble nous fassions un petit bout de route. Et que nous fassions ce que nous faisons si bien. Vous serez de formidables amis et moi, je rêverai. Je rêverai pour deux, pour trois, pour autant de personnes que nous serons. Je ferai des rêves ensoleillés plein de douceur et de bonheur. Des rêves qui ne se réalisent que lorsque l'on est entouré.

Si parmi vous qui lisez cette note, il y en a qui se sentent concernés par mon message, par mon appel, ne vous en faites pas je vais bien. J'ai juste un peu mal au cœur mais quand vous êtes là, tout va mieux. Même si ça n'est que temporaire. Oui j'ai un peu mal au cœur.